mercredi 17 février 2016

Lamartine

Alphonse de Lamartine. Peinture (1839) d'Henri de Caisne. (Musée municipal des Ursulines, Mâcon.)
En lisant en peu de Lamartine...

Sur l'exil : pour Lamartine c'est notre monde, où l'âme est exilée...
L’isolement 
[...] Sur la terre d’exil pourquoi restè-je encore ?
Il n’est rien de commun entre la terre et moi. [...] 
Dieu (Méditations poétiques, 1820) 
[...] Ce langage borné s'apprend parmi les hommes,
Il suffit aux besoins de l'exil où nous sommes, [...]

Sur la solitude : un artiste a besoin de celle-ci pour créer... (v. aussi la Nuit de décembre par Musset)
Solitude 
Heureux qui, s'écartant des sentiers d'ici-bas,
À l'ombre du désert allant cacher ses pas,
D'un monde dédaigné secouant la poussière,
Efface, encor vivant, ses traces sur la terre,
Et, dans la solitude enfin enseveli,
Se nourrit d'espérance et s'abreuve d'oubli ! [...] 
La nature est, surtout pour moi, un temple dont le sanctuaire a besoin de silence et de solitude. L'homme offusque l'homme ; il se place entre notre œil et Dieu. Je comprends les solitaires. Ce sont des âmes qui ont l'oreille plus fine que les autres, qui entendent Dieu à travers ses œuvres, et qui ne veulent pas être interrompues dans leur entretien. 
Aussi voyez ! tous les poètes se font une solitude dans leur âme, pour écouter Dieu. 
L’isolement 
[...] De colline en colline en vain portant ma vue,
Du sud à l’aquilon, de l’aurore au couchant,
Je parcours tous les points de l’immense étendue,
Et je dis : « Nulle part le bonheur ne m’attend. »  
Que me font ces vallons, ces palais, ces chaumières,
Vains objets dont pour moi le charme est envolé ?
Fleuves, rochers, forêts, solitudes si chères,
Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé.  
Que le tour du soleil ou commence ou s’achève,
D’un oeil indifférent je le suis dans son cours ;
En un ciel sombre ou pur qu’il se couche ou se lève,
Qu’importe le soleil ? je n’attends rien des jours. [...] 
Enfin, la découverte la plus étonnante pour moi : Lamartine sur Saussure ! Lamartine parle de deux langages : l'un entendu, l'autre - « Est le langage inné de toute intelligence ». (V. aussi : Efim Etkind, Божественный глагол. Пушкин, прочитанный в России и во Франции.)
Dieu (Méditations poétiques, 1820)  
 [...]Dieu fit pour les esprits deux langages divers
En sons articulés l'un vole dans les airs
Ce langage borné s'apprend parmi les hommes, 
Il suffit aux besoins de l'exil où nous sommes, 
Et, suivant des mortels les destins inconstants 
Change avec les climats ou passe avec les temps. 
L'autre, éternel, sublime, universel, immense, 
Est le langage inné de toute intelligence : 
Ce n'est point un son mort dans les airs répandu, 
C'est un verbe vivant dans le coeur entendu ; 
On l'entend, on l'explique, on le parle avec l'âme ; 
Ce langage senti touche, illumine, enflamme; 
De ce que l'âme éprouve interprètes brûlants,
Il n'a que des soupirs, des ardeurs, des élans ; 
C'est la langue du ciel que parle la prière, 
Et que le tendre amour comprend seul sur la terre. 
Aux pures régions où j'aime à m'envoler,
 L'enthousiasme aussi vient me la révéler. [...]
A un Anglais (cité par Etkind)
S'il était une langue harmonieuse et pure
Qui peignit par des sons comme fait la nature
Et dont l'accent rapide et compris en tout lieux
Se fit entendre au coeur comme un regard aux yeux...

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