mercredi 4 janvier 2017

Du Bellay, Corneille, Musset - une fierté de leur métier poétique, de leur poésie indépendante des influences étrangères

Dans Les Regrets (1558), Du Bellay parle d'une poésie modeste, mais indépendante des influences de la culture Greco-Romaine classique :

Je ne peins mes tableaux de si riche peinture,
Et si hauts arguments ne recherche à mes vers :
Mais suivant de ce lieu les accidents divers,
Soit de bien, soit de mal, j'écris à l'aventure. (Les Regrets, I)

Je ne veux feuilleter les exemplaires Grecs,Je ne veux retracer les beaux traits d’un Horace,Et moins veux-je imiter d’un Petrarque la grace,Ou la voix d’un Ronsard pour chanter mes regrets. [...]
Je me contenteray de simplement escrireCe que la passion seulement me fait dire,Sans recercher ailleurs plus graves argumens.
Aussi n’ay-je entrepris d’imiter en ce livreCeux qui par leurs escrits se vantent de revivre,Et se tirer tout vifs dehors des monuments. (Les Regrets, IV)

Corneille, dans « Excuse à Ariste » (1637), prend une position presque orgueilleuse, qui servira comme une de raisons pour la querelle du Cid :

Nous nous aimons un peu, c'est notre faible à tous ;
Le prix que nous valons, qui le sait mieux que nous ? [...]
La fausse humilité ne met plus en crédit.
Je sais ce que je vaux, et crois ce qu'on m'en dit. [...]
Je satisfais ensemble et peuple et courtisans,
Et mes vers en tous lieux sont mes seuls partisans :
Par leur seule beauté ma plume est estimée :
Je ne dois qu'à moi seul toute ma renommée [...]

Finalement, dans la dédicace pour La Coupe et les Lèvres (1832), Musset repousse la notion de l'influence de la poésie étrangère dans son œuvre :

On m’a dit l’an passé que j’imitais Byron :
Vous qui me connaissez, vous savez bien que non.
Je hais comme la mort l’état de plagiaire ;
Mon verre n’est pas grand, mais je bois dans mon verre.
C’est bien peu, je le sais, que d’être homme de bien,
Mais toujours est-il vrai que je n’exhume rien.

Tous les trois expriment une fierté de leur métier poétique, de leur poésie indépendante de toute influence étrangère.

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