mercredi 16 décembre 2015

Les images pour travail sur Nabokov

Vyra
Данный фрагмент топографической карты 1860 года покрывает территорию на юге Петербургской губернии. На карте обозначены: деревня Поддубье, деревня Старое Поддубье, деревня Новое Поддубье, деревня Межно, деревня Большая Выра

mardi 15 décembre 2015

The arrival

Shaun Tan
Shaun Tan

Shaun Tan, The suitcase

Shaun Tan, The old country
Shaun Tan, Harbour
Shaun Tan

lundi 14 décembre 2015

La solitude

Игорь Пальмин. Москва. Конек. Из серии «Меланхолия». 1973. Источник: страница Игоря Пальмина на flickr (www.flickr.com/photos/igorpalmin)
Walter Benjamin sur solitude dans « Journal de Moscou » :
Я сразу же лег в постель, потому что вечер для меня закончился, хоть и был коротким. Я понял, что нам не дано одиночество, если человек, которого мы любим, одинок в другом месте, где он для нас недостижим. Так что чувство одиночества, похоже, явление рефлексивное, поражающее нас только тогда, когда до нас доходит отражение знакомых нам людей, более же всего тех, кого мы любим, когда они развлекаются без нас в обществе.
И вообще, одинокий сам по себе, в жизни, ощущает свое одиночество лишь в мысли о – пусть неизвестной – женщине или каком-либо человеке, которые не одиноки и в чьем обществе он тоже не был бы одинок.
==
I went right to bed because my evening had been full, however short it may have been. I realized that solitude does not exist for us as long as someone we love, even though they be somewhere else well beyond our reach, is feeling alone at the same time. The feeling of solitude would therefore seem to be basically a reflexive phenomenon that only strikes us when emitted back to us by people we know, and most often by people we love, whenever they enjoy themselves socially without us. And even the person who feels fundamentally alone in the world only experiences his solitude when he thinks of a woman, even an unknown woman, or of anybody else who is not alone and in whose company he, too, would cease to be. 

Gabriel Sénac de Meilhan, L’Émigré (1797)




Soldat de l'armée d'émigration, blessé, secouru par des civils [estampe, Dupré, Daniel, Engraver and Salomon, Benedikt, Engraver]
Vieil émigré sur son lit de mort [estampe ; Dupré, Daniel (Engraver and Illustrator), Salomon, Benedikt (Engraver)]
Jeune homme baisant la main d'une femme allongée sur un canapé [estampe ; Wagner, J. J., graveur, Dupré, Daniel illustrator]

Jeune homme en pleurs agenouillé devant une femme en deuil. Dans le fond une porte par laquelle on voit un couple se promenant [estampe, Darnstedt, Johann Adolph, Engraver and Dupré, Daniel, Engraver and Illustrator]


La littérature d'exil est la littérature nostalgique, qui réfléchit beaucoup sur le passé plutôt que regarde dans l'avenir. La source d'inspiration de l'auteur-émigré est sa propre souffrance, qui vient de l'expérience actuelle de vivre dans un pays, langue et culture étrangers, et également de l'expérience traumatique du passé.
Images : BNF et Archives numériques de la Révolution française.

Autobiographie - misc.

Nicolo di Pietro. Saint Augustin et Alypius reçoivent la visite de Ponticianus (1413-15), Musée des Beaux-Arts, Lyon

mardi 10 novembre 2015

Citations sur 1793

La première Terreur : massacres de l'Abbaye, 6 septembre 1792. Gravure de G. Jacowick. (Bibliothèque nationale de France, Paris.)
Il est à remarquer que, parmi ses dix-huit siècles de monarchie, la France a eu peu d'années aussi mythologiques que l'an de grâce 1793. (Dumas, Le Chevalier de Maison-Rouge)
De là, l'immensité de cette minute épouvantable, 1793, plus grande que tout le reste du siècle. (Hugo, Quatrevingt-treize)
Cité par Le jardin de l'esprit: textes offerts à Bronislaw Baczko par Bronisław Baczko, ‎Kaja Antonowicz, ‎Michel Porret (lien).

lundi 9 novembre 2015

Victor Hugo, Introduction pour Paris-Guide 1867



III Suprématie de Paris 
1789. Depuis un siècle bientôt, ce nombre est la préoccupation du genre humain. Tout le phénomène moderne y est contenu.
Ces dates-là sont des chiffres exigibles.
Payez.
Et ne soyez pas de mauvaise foi avec ces chiffres impérieux. Éludés, ils grossissent ; et tout à coup, au lieu de 89, le débiteur trouve 93.

dimanche 8 novembre 2015

Des citations de Dorian Gray pour " Le double "

Un ouvrage comme un miroir de son lecteur :
It is the spectator, and not life, that art really mirrors.

La haine de son double :
“I can't help detesting my relations. I suppose it comes from the fact that none of us can stand other people having the same faults as ourselves.”

L'art n'appartient pas au peintre, mais au modèle /sujet.

Oscar Wilde, The Picture of Dorian Gray.

La tragédie à présent court les rues

Les anecdotes de l'Almanach littéraire sont assez plaisantes. Nous en citerons quelques-unes des moins connues :

Quelques jours après la prise de la Bastille, M. Lemierre rencontre un de ses amis qui lui dit : « A quand une nouvelle tragédie? — Y pensez -vous? répond le poète [Jean-François Ducis]. La tragédie à présent court les rues. »

« Les almanachs de la Révolution »

vendredi 6 novembre 2015

Alfred de Musset, « La nuit de décembre » (1835)

Eugène Lami, La Nuit de décembre
Ce couplet de « La nuit de décembre », cité par Otto Rank dans « Le double», est parmi des plus belles lignes de la poésie que je connais.
Partout où j'ai voulu dormir,
Partout où j'ai voulu mourir,
Partout où j'ai touché la terre,
Sur ma route est venu s'asseoir
Un malheureux vêtu de noir,
Qui me ressemblait comme un frère.
Ce double de « dormir » et « mourir » me rappelle deux autres poèmes que je aussi vraiment aime, l'un par Robert Frost, l'autre par Robert W. Service. Dans le fameux vers de Frost, le narrateur voudrait s'endormir dans le forêt enneigé et presque enchanté, mais :
[...] I have promises to keep,
And miles to go before I sleep,
And miles to go before I sleep.
« The Quitter » par Robert W. Service ressemble beaucoup « If » par Kipling, c'est un poème du courage et du ressource(?).
Just have one more try — it’s dead easy to die,
It’s the keeping-on-living that’s hard.
Le double dans « La nuit de décembre » aide le poète ne pas s'endormir, ne pas mourir, comme le dit le poète :
En te voyant, j'aime la Providence.
Et aussi le double :
Le ciel m'a confié ton coeur.
Quand tu seras dans la douleur,
Viens à moi sans inquiétude. 
Mais, comme toujours dans les histoires de doubles, il a de prix. Le poème se finit avec une assertion douloureuse :
Ami, je suis la Solitude.

lundi 13 juillet 2015

Nicolas Boileau (1636 - 1711), Épitre VII (1677)


« Boileau a rendu d'immenses services à notre littérature en dégoûtant son siècle des mauvais auteurs, en lui apprenant à aimer Corneille, Racine, Molière, et en donnant lui-même de beaux modèles d'une poésie pure et parfaite. » [Histoire littéraire, imp. de L. Odieuvre, 1897]
Épitre VII (1677) 
À RACINE 
Que tu sais bien, Racine, à l’aide d’un acteur,
Emouvoir, étonner, ravir un spectateur !
Jamais Iphigénie, en Aulide immolée,
N’a coûté tant de pleurs à la Grèce assemblée,
Que dans l’heureux spectacle à nos yeux étalé
En a fait, sous son nom, verser la Champmeslé.
[...]
Avant qu’un peu de terre, obtenu par prière,
Pour jamais sous la tombe eût enfermé Molière,
Mille de ces beaux traits, aujourd’hui si vantés,
Furent des sots esprits à nos yeux rebutés.
[...]
Mais, sitôt que d’un trait de ses fatales mains,
La Parque l’eut rayé du nombre des humains,
On reconnut le prix de sa Muse éclipsée.
L’aimable Comédie, avec lui terrassée,
En vain d’un coup si rude espéra revenir,
Et sur ses brodequins ne put plus se tenir.
[...]

dimanche 12 juillet 2015

Racine (1639 - 1699), Phèdre (1677)

Un des livres préférés de ma bibliothèque est une Anthologie de la poésie française, que mon père m'a apporté de Paris il y a plusieurs années. Cette anthologie est parue en 1941, en pleine deuxième guerre mondiale. Le préfacier du livre, romancier et critique littéraire Marcel Arland, est un peu apologétique du fait que ce livre paraît pendant la guerre : « c'était Ronsard et Vigny, Aubigné et La Fontaine, qui se trouvaient menacés. [...] Voici ceux pour qui nous combattons et qui combattent avec nous. C'est le meilleur de notre pays et de nous-mêmes. »
En parlant de Racine, Arland dit : « Le Racine de la Pléiade fut le premier livre que j'emportai pour la guerre. [...] C'était le meilleur de ce qu'il fallait sauver. C'était le meilleur de la France. »
Alors, le meilleur du meilleur de la France. J'aime bien cette formulation et ce livre.
Phèdre, ACTE premier, Scène première[...]
THÉRAMÈNE
Eh ! depuis quand, seigneur, craignez-vous la présence
De ces paisibles lieux si chers à votre enfance,
Et dont je vous ai vu préférer le séjour
Au tumulte pompeux d’Athène et de la cour ?
Quel péril, ou plutôt quel chagrin vous en chasse ? 
HIPPOLYTE
Cet heureux temps n’est plus.
Tout a changé de face,
Depuis que sur ces bords les dieux ont envoyé
La fille de Minos et de Pasiphaé. 
THÉRAMÈNE
J’entends : de vos douleurs la cause m’est connue.
Phèdre ici vous chagrine, et blesse votre vue.
Dangereuse marâtre, à peine elle vous vit,
Que votre exil d’abord signala son crédit.
Mais sa haine, sur vous autrefois attachée,
Ou s’est évanouie, ou s’est bien relâchée.
Et d’ailleurs quels périls vous peut faire courir
Une femme mourante, et qui cherche à mourir ?
Phèdre, atteinte d’un mal qu’elle s’obstine à taire,
Lasse enfin d’elle-même et du jour qui l’éclaire,
Peut-elle contre vous former quelques desseins ? 
HIPPOLYTE
Sa vaine inimitié n’est pas ce que je crains. [...] 

samedi 4 juillet 2015

Molière (1622-73), Quatrains (1665)


Peut-on ne pas aimer Molière ? Je pouvais, et « in absentia », sans même connaître ses oeuvres ! Mais après ce que j'ai lu plusieurs pièces, et spécialement après ce que j'ai vu le magnifique film « Molière », j'ai changé mon avis... Et apparemment, sa poésie est aussi superbe.
Quatrains 
Brisez les tristes fers du honteux esclavage
Où vous tient du péché le commerce odieux,
Et venez recevoir le glorieux servage
Que vous tendent les mains de la Reine des Cieux. 
L’un sur vous à vos sens donne pleine victoire,
L’autre sur vos désirs vous fait régner en rois ;
L’un vous tire aux Enfers et l’autre dans la gloire.
Hélas ! peut-on, Mortels, balancer sur ce Choix ?

dimanche 28 juin 2015

Jean de la Fontaine (1621-1695), Épitaphe d'un paresseux (1671)


Épitaphe d'un paresseux 
Jean s'en alla comme il était venu,
Mangea le fonds avec le revenu,
Tint les trésors chose peu nécessaire.
Quant à son temps, bien le sut dispenser :
Deux parts en fit, dont il soulait passer
L'une à dormir et l'autre à ne rien faire.
Cette épitaphe me semble presque anglais, en particulier parce que c'est une ironie sur soi-même... et j'aime beaucoup le fait que La Fontaine se range dans le parti des Anciens dans la querelle des Anciens et des Modernes !

vendredi 26 juin 2015

Pierre Corneille (1606 – 1684), Excuse à Ariste (1633 ou 1636)


Jean de Saint-Igny, Représentation théâtrale au Palais Royal avec Louis XIII, Anne d'Autriche et Richelieu. (1637)
En grandissant, je n'appréciais pas assez Corneille, en préférant Racine. J'ai vraiment découvert Corneille pendant les études universitaires, quand on a appris sur la querelle du Cid. On ne peut pas que sympathiser Corneille qui est véritablement attaqué par tout le monde à cause de ce poème merveilleux. Et on apprécie mieux les vers d'Excuse à Ariste, écrits juste avant ce que la querelle éclate.

La fausse humilité ne met plus en crédit.
Je sais ce que je vaux, et crois ce qu’on m’en dit.
[...]
Mon travail sans appui monte sur le théâtre ;
Chacun en liberté l’y blâme ou l’idolâtre :
Là, sans que mes amis prêchent leurs sentiments.
J’arrache quelquefois leurs applaudissements ;
La, content du succès que le mérite donne,
Par d’illustres avis je n’éblouis personne ;
Je satisfais ensemble et peuple et courtisans,
Et mes vers en tous lieux sont mes seuls partisans :
Par leur seule beauté ma plume est estimée ;
Je ne dois qu’à moi seul toute ma renommée ;
Et pense toutefois n’avoir point de rival
A qui je fasse tort en le traitant d’égal.
[...]

mercredi 25 février 2015

Écouter Joe Dassin sans comprendre les paroles


Pendant notre première année en Israël, nous avons habité et étudié à « Havat Hanoar Hatsioni », un internat où logent beaucoup d'élèves dont les parents n'habitent pas en Israël. Trois-quatre filles (ou garçons) dans une chambre, deux chambres dans un appartement.
La géographie d'origine de notre groupe (d'environ trente personnes) représentait parfaitement la géographie de la population juive à l'Union Soviétique : Moscou, les grandes villes de Russie et de l'Ukraine, les capitaux des anciennes républiques soviétiques. Par exemple, dans notre chambre logeaient deux filles qui sont arrivées de Moscou, une d'Almaty et une (moi-même) de Kharkov. Dans la chambre voisine - des filles de Bichkek. Plusieurs qualités unifiaient cette géographie diverse, dont l'une, sans doute, était francophilie.
Nos voisines de Bichkek avaient un petit magnétophone (une rareté chez nous à l'époque), et presque chaque soir elles écoutaient Joe Dassin. 
Et si tu n'existais pas
Dis-moi pourquoi j'existerais
Pour traîner dans un monde sans toi
Sans espoir et sans regret
De tous nous francophiles, ma camarade de chambre de Moscou, Anna, comprenait français. Ce qu'elle ne comprenait pas, c'était comment on peut écouter Joe Dassin sans comprendre les paroles. À l'époque, je prétendais déjà comprendre français aussi, comme Anna, donc je faisais oui de la tête, mais en cachette je n'étais pas d'accord : j'adorais les chansons de Dassin sans comprendre une seule parole. Au fil des années, quand j'ai commencé à apprendre le français et à comprendre les paroles de ses chansons, j'étais presque déçue : la beauté des chansons exigeait, à mon avis, les vers encore plus beaux... Mais quand même, avec mon oreille nouvelle « enfrançaisée», je continue à adorer ces chansons.
Et si tu n'existais pas
J'essaierais d'inventer l'amour
Comme un peintre qui voit sous ses doigts
Naître les couleurs du jour
Et qui n'en revient pas

jeudi 19 février 2015

Technicien qui cite Apollinaire

«  Calligramme  » par Guillaume Apollinaire
Un technicien est arrivé pour réparer notre plancher chauffant. Quand il a appris que j'étudie la littérature française, il m'a cite Apollinaire par coeur (en russe) :
« Hôtel » 
Ma chambre a la forme d’une cage
Le soleil passe son bras par la fenêtre
Mais moi qui veux fumer pour faire des mirages
J’allume au feu du jour ma cigarette
Je ne veux pas travailler je veux fumer
Je lui ai demandé combien de temps il travaille dans l'entreprise de plancher chauffant. « Il y a un an, dès ma faillite. ». Et, en voyant ma mine triste et surprise, il a ajouté : « Même en Israël, on ne voit pas très souvent des techniciens qui citent Apollinaire par coeur, n'est pas ? »

(L'image : http://www.mcah.columbia.edu/dbcourses/krauss/large/jss_031302_apollinaire_01.jpg. Sous licence Domaine public via Wikimedia Commons - http://commons.wikimedia.org/wiki/File:Guillaume_Apollinaire_Calligramme.JPG#mediaviewer/File:Guillaume_Apollinaire_Calligramme.JPG)