Dessin dans une lettre de Walter Benjamin à Gershom Scholem 17 Décembre 1921, la Bibliothèque nationale, Israël. |
Je n'ai pas seulement été le traducteur de Proust mais le premier qui se soit employé à faire connaître en Allemagne un Green, un Jouhandeau, un de ceux qui, là-bas, ont prôné, durant des années l'oeuvre d'un Gide, d'un Valéry. Tu vas me trouver fou sans doute ; mais j'éprouve une difficulté tellement immense à abandonner mon silence et t'écrire sur mes projets que peut-être je n'y parviendrais jamais sans me trouver cette façon d'alibi qu'est pour moi le français. Dans une situation sans issue, je n'ai d'autre choix que d'en finir. C'est dans un petit village dans les Pyrénées où personne ne me connaît que ma vie va s'achever. Je vous prie de transmettre mes pensées à mon ami Adorno et de lui expliquer la situation où je me suis vu placé. Il ne me reste pas assez de temps pour écrire toutes ces lettres que j'eusse voulu écrire.
Walter Benjamin, Lettres françaises
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