dimanche 28 juin 2015

Jean de la Fontaine (1621-1695), Épitaphe d'un paresseux (1671)


Épitaphe d'un paresseux 
Jean s'en alla comme il était venu,
Mangea le fonds avec le revenu,
Tint les trésors chose peu nécessaire.
Quant à son temps, bien le sut dispenser :
Deux parts en fit, dont il soulait passer
L'une à dormir et l'autre à ne rien faire.
Cette épitaphe me semble presque anglais, en particulier parce que c'est une ironie sur soi-même... et j'aime beaucoup le fait que La Fontaine se range dans le parti des Anciens dans la querelle des Anciens et des Modernes !

vendredi 26 juin 2015

Pierre Corneille (1606 – 1684), Excuse à Ariste (1633 ou 1636)


Jean de Saint-Igny, Représentation théâtrale au Palais Royal avec Louis XIII, Anne d'Autriche et Richelieu. (1637)
En grandissant, je n'appréciais pas assez Corneille, en préférant Racine. J'ai vraiment découvert Corneille pendant les études universitaires, quand on a appris sur la querelle du Cid. On ne peut pas que sympathiser Corneille qui est véritablement attaqué par tout le monde à cause de ce poème merveilleux. Et on apprécie mieux les vers d'Excuse à Ariste, écrits juste avant ce que la querelle éclate.

La fausse humilité ne met plus en crédit.
Je sais ce que je vaux, et crois ce qu’on m’en dit.
[...]
Mon travail sans appui monte sur le théâtre ;
Chacun en liberté l’y blâme ou l’idolâtre :
Là, sans que mes amis prêchent leurs sentiments.
J’arrache quelquefois leurs applaudissements ;
La, content du succès que le mérite donne,
Par d’illustres avis je n’éblouis personne ;
Je satisfais ensemble et peuple et courtisans,
Et mes vers en tous lieux sont mes seuls partisans :
Par leur seule beauté ma plume est estimée ;
Je ne dois qu’à moi seul toute ma renommée ;
Et pense toutefois n’avoir point de rival
A qui je fasse tort en le traitant d’égal.
[...]